Diplômes européens en médecine dentaire sans contact avec les patients

Il est possible de terminer des études dentaires sans avoir été en contact avec le moindre patient: c’est ce que révèle une étude qui vient d’être publiée en France. 10% des diplômés en médecine dentaire de l’Union européenne ont obtenu leur diplôme sans la moindre expérience pratique. En Suisse, les étudiants passent de nombreuses heures pratiques avant de devenir médecins-dentistes.

Le traité de libre circulation des personnes autorise les médecins-dentistes à exercer librement dans tous les pays membres de l’espace Schengen. C’est pourquoi leur formation doit être considérée comme équivalente. Mais cette égalité formelle matérialisée par un diplôme étranger ne reflète pas toujours les qualités réelles du cursus suivi. Ainsi, la partie pratique semble souvent trop courte. C’est ce que montre l’enquête réalisée dans 19 pays de l’UE. Dix pour cent de tous les diplômés interrogés avouent même ne jamais avoir participé eux-mêmes au traitement d’un patient, leur expérience se limitant, au mieux, à une simple observation. En Suisse, le constat est différent: le travail pratique constitue une part importante de la formation dans les quatre universités dentaires du pays.

Le sondage, développé à l’Université de Rennes, indique également que les divers traitements pratiques sont réalisés à des fréquences très variées. Les méthodes de traitement complexes, voire certaines pratiques de base, ne sont abordées que furtivement: un étudiant sur trois n’a jamais fixé une prothèse durant ses études. Près d’un étudiant sur deux n’a jamais procédé à un retraitement endodontique.

L’étude ne révèle délibérément pas les universités et les pays où ces dysfonctionnements ont été constatés. Pour Marco Mazevet, auteur de l’étude, le but n’est pas de clouer au pilori tel ou tel état membre, mais de sensibiliser l’opinion publique à ces incohérences.

Il s'agit de révéler en filigrane que la plupart des participants à l’étude se considèrent comme com- pétents malgré les lacunes avérées dans la formation. En effet, 75% d’entre eux sont convaincus de pouvoir réaliser de manière autonome au moins 50% des traitements au programme du cursus.

Communiqué de presse du 10 janvier 2017.
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