Arrêter la lolette

La lolette est une bonne chose : elle permet de calmer le petit enfant et d’éviter qu’il suce son pouce. A partir de trois ans au plus tard, l’enfant devrait progressivement se détacher de sa sucette apaisante, principalement pour le bien de ses dents.

Les parents recourent volontiers à la lolette pour ménager leurs nerfs. Ce n’est pas pour rien que les Anglo-saxons l’appellent « pacifier ». Pour l’enfant, la sucette est réconfortante et calme le réflexe de succion. C’est un compagnon utile pour les familles, car 80 % des enfants ont besoin de sucer, que ce soit une tétine, leur pouce, un doudou ou un coin de leur couverture. Pour Jan Danz de la Société suisse d’orthopédie dento-faciale, « la lolette est la meilleure manière pour l’enfant de calmer son besoin de sucer, car c’est celle pour laquelle le sevrage est le plus facile. »

Mais pourquoi faut-il que l’enfant perde l’habitude de sucer sa lolette ou son pouce ? Pour éviter les désordres orthodontiques. Lorsque les dents n’occupent pas leur place naturelle, elles constituent une source de gêne pour la mastication et la parole. Chez les enfants de trois ans, les malpositions maxillaires telles que les béances occlusales antérieures – avec un écartement entre les incisives supérieures et inférieures pouvant aller jusqu’à empêcher de mordre correctement dans les aliments – découlent pour la plupart de mauvaises habitudes de succion. L’orthodontiste Jan Danz se veut toutefois rassurant : « L’enfant qui arrête de sucer la lolette ou son pouce avant l’éruption des dents permanentes a de bonnes chances de voir un retour spontané à la normale. » Il recommande de réduire l’usage de la sucette à partir de trois ans, dans une mesure qui permet ensuite à l’enfant d’essayer de s’en passer. La réduction des périodes d’utilisation favorise également un bon dévelop- pement du langage: l’enfant qui parle avec sa lolette dans la bouche acquiert de mauvaises techniques de phonation.

Réduire le temps d’utilisation de la sucette

Huit mois après la naissance, le réflexe de succion s’estompe, ce qui permet de réduire progressivement l’utilisation d’une tétine. Les parents ne devraient jamais proposer spontanément la lolette à leur enfant et toujours attendre qu’il la réclame. Lorsqu’il ne l’utilise pas, il peut la ranger dans une boîte pour qu’elle puisse « faire dodo ». Ainsi, la tétine ne traîne pas et n’invite pas l’enfant à la sucer par ennui. Enfant et parents peuvent ensemble convenir des endroits ou des heures auxquelles l’enfant a le droit de sucer sa lolette, par exemple dans la poussette, au lit, dans la voiture ou en cas de bobo.

Marquer le coup

Pour le sevrage, les spécialistes déconseillent de simplement jeter la lolette ou de l’enduire d’un gel au goût amer. Mais même près un sevrage progressif, le moment de la séparation définitive finit par arriver un jour. C’est un cap très difficile à passer pour beaucoup d’enfants. Ils doivent y être préparés et, dans le meilleur des cas, choisir eux-mêmes le moment de la séparation. De nombreuses familles marquent le coup: l’enfant fait cadeau de ses lolettes à la fée Tétine, au père Noël ou au lapin de Pâques et reçoit un cadeau en échange. Dans certaines familles, on construit un radeau et on regarde les sucettes s’éloigner au fil de l’eau. Dans d’autres encore, on les plante dans le jardin où, le lendemain, l’enfant retrouve un arbuste qui a « poussé pendant la nuit » et qui porte un cadeau accroché à l’une de ses branches. Certains parents font croire à leur enfant qu’il envoie sa lolette à un autre enfant qui en a un grand besoin ou ils l’envoient par la poste à une personne qui retourne un cadeau. Il y a aussi l’«arbre à sucettes» à la branche duquel de nombreux enfants accrochent leur dernière lolette.

Le sevrage se complique avec l’âge et il gagne en importance : sucer une lolette ou son pouce après l’apparition des dents permanentes laisse généralement des séquelles que le médecin-dentiste spécialisé devra corriger.

Source Infodents 3/2018